Notre entêtement à faire les choses à moitié, nous rattrape. Tant que les projets présentent des intérêts économiques particuliers, il se crée autour une véritable attraction qui ne dit pas son nom. A qui mieux-mieux. Des lors, ce qui arrive à la plupart des projets mort-nés ne saurait étonner le commun des Guinéens. Encouragés par une impunité  jamais égalée, les cadres pourris du pays  ont fait de la corruption une institution à part entière. En partie, les impairs constatées dans les projets sont le plus souvent l’expression d’un travail exécuté sans discernement, ni sérieux dans l’exécution des taches. A force de confondre vitesse et précipitation, nous en sommes arrivés à bâcler tout ce qui peut être à notre portée.

Autre chose, le pressant besoin de promettre à tout bout de champ, est malheureusement la chose politique la plus imprudente et irresponsable. Nos politiques font souvent fi des calendriers précis de livraison des projets. Pour eux, tous se doivent  d’obéir aveuglement aux instructions venues de hauts lieux. En d’autres termes, les désirs continuent d’être des ordres. Le bas niveau d’eau dans les barrages hydro électriques ne saurait tout expliquer les ratés d’un projet. Honnêtement, la Guinée n’est pas moins nantie que ses voisins, en termes de pluviométrie. Il ne pleut pas moins ici qu’ailleurs. Ces arguments se sauraient prospérer au pays de « Château d’eau de l’Afrique ». Il est vrai que les questions de dérèglement climatiques sont devenues des sujets vedette au plan international, mais il n’en pas moins que la gestion des projets fait cruellement défaut à nos cadres qui préfèrent boire dans la coupe du laxisme, du népotisme et de la démagogie.

Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, des chantiers ont été inaugurés en pleine exécution des travaux. Une prouesse bien guinéenne qui mériterait de figurer dans ‘’Guinness record’’ L’incompétence et l’inaction continuent d’être le terreau d’un mal pernicieux qui ronge profondément la société. Corrompus jusqu’à la moelle des os, certains guinéens n’hésitent pas à pactiser avec le diable pour des intérêts sordides, quitte à hypothéquer l’avenir du pays. La plupart des projets souffrent énormément de l’absence du patriotisme. Un mot qui a fini par être inaccessible face à la boulimie d’une administration marquée du sceau de l’inefficacité  et de la médiocrité.

Très malheureusement, on reprend les mêmes et on recommence. Cependant, le chômage endémique et l’oisiveté continuent de faire des victimes parmi les jeunes : immigration, drogue et prostitution. Excusez du peu. Il n’est inutile de rappeler que l’avenir repose essentiellement sur une couche juvénile consciente des défis et autres enjeux du développement. La bonne éducation a cessé d’être une référence dans l’ascension sociale. La drogue se consomme à ciel ouvert. Au vu et au su de tout le monde. Les centres psychiatriques connaissent un nombre sans cesse croissant de jeunes marqués à vie par la consommation des drogues et stupéfiants. Le meilleur héritage qu’on puisse léguer à son enfant, c’est l’éducation. En la matière, nombreux sont les parents qui s’entremêlent les pinceaux.  Ils en sont dans un état de démission sur toute la ligne. Abandonnant ainsi leurs progénitures dans un environnement hostile aux valeurs morales et spirituelles.

En un laps de temps, la désacralisation des normes sociales sont symptomatiquement vécue comme état un désastre moral pour tout un pays. Et quand il faut se regrouper pour s’attaquer aux biens privés et publics, aucune autorité politique ou morale n’a suffisamment d’arguments pour faire entendre raison aux badauds.  Par les temps qui passent, personne n’est à l’abri d’une manifestation spontanée. Tel est l’amer constat que vivent les populations nuit et jour. Les délestages et autres coupures intempestives de courant électrique est une aubaine de semer la pagaille dans la cité. C’est aussi du pain bénit pour des politiciens en mal d’arguments de jeter l’huile sur le feu.

Qui a dit que gouverner c’est prévoir.

M. Morgan

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