De nos jours le constat est alarmant dans l’urbanisation des centres urbains. Le manque de vision des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête de l’Etat guinéen a favorisé l’occupation anarchique des espaces des différents centres urbains du pays, notamment Conakry. Pour bon nombre d’observateurs, le pays n’a quasiment aucun centre qui respecte les normes d’urbanisation.

Alpha Oumar Diallo est d’un cabinet dont la spécialité est entre autres l’urbanisme, l’architecture et la gestion de projets. Il a rappelé dans ce sens que dans un passé récent, des outils de planification urbaine ont été élaborés, notamment le schéma national d’aménagement du territoire qui date de 1991.

L’urbaniste a par la suite souligné que le seul hic est que ces différents schémas d’urbanisation n’ont pas été exécutés dans les règles de l’art. « Le plus grave encore, c’est que ces schémas sont dépassés. Ils ne reflètent plus la réalité. Même si on cherche à les appliquer en ce moment, ça ne répondra plus », regrette-t-il.

Dans la même veine, il a déclaré qu’il a participé à une mission, pour le troisième projet de développement urbain de la ville de N’Zérékoré, en 2000. Selon lui, quand ils sont arrivés là, il a fait un tour dans la ville. « Je me suis rendu compte que toute la ville de N’Zérékoré était lotie. La population a procédé au morcellement des terrains. C’està-dire que le morcellement des terrains dépassait même les limites administratives de la ville. Les terrains qui étaient prévus pour les infrastructures publiques ont aussi été morcelés », affirme-t-il. Ces lotissements, a-t-il poursuivi, ne tenaient pas compte des contraintes même du terrain et ils violaient même le code de l’urbanisme.

les rues dégradées de Conakry

Toute chose, a-t-il-ajouté, qui occasionna la spéculation foncière. « L’Etat était en retard. Et finalement, tout le monde s’est livré à des occupations sauvages des espaces urbains. On n’a pas pensé à l’avenir ; aucune planification urbaine qui programme l’extension future des villes et qui programme progressivement les lotissements », dénonce-t-il.

Et d’indiquer : « le ministère de l’Urbanisme est le seul ministère où vous ne pouvez trouver un seul spécialiste en aménagement urbain. Du ministre jusqu’aux chefs de division ».

Parlant de la capitale guinéenne, il a laissé entendre que Conakry ne représente pas une ville. Selon lui, c’est juste une association de quartiers. « Conakry n’a pas d’images, ce qui fait que quand vous circulez, vous constatez que tout le monde est stressé dans cette ville. Parce que c’est une ville qui ne respire pas », soutient-il.

L’urbaniste a fait savoir que le problème le plus sérieux dans ce domaine est qu’il n’y a pas de limite d’occupation du sol. « Il faudrait bien qu’on sache jusqu’où on peut aller dans l’occupation du sol. Cela concerne les cours d’eau, les bras de mer mais également les collines », rappelle-t-il. Pour lui, il faudrait absolument qu’on ait une limite d’occupation du sol.

En deuxième lieu, il a souligné que pour résoudre cette problématique, il faudrait aussi professionnaliser les opérations de lotissements. « Ça fait un bon moment, que je demande qu’on interdise tout simplement les lotissements. Parce que nos villes sont devenues trop grandes. Il faut stopper l’extension de nos villes et retourner dans les zones déjà occupées, pour poser le problème et trouver les solutions, dégager les espaces pour les équipements socio-collectifs qui manquent… » a-t-il-conclu.

Alpha Le Kindiaka