Un fil conducteur relie entre eux ces trois sujets. Quand on met ensemble l’immense besoin de mobilité des populations, l’étroitesse des routes, le grand nombre de véhicules importés pour un usage personnel, l’absence effarant des moyens de transport public, le dérèglement, dans certains endroits de la capitale, des feux de signalisation, on a les conséquences que nous vivons tous les jours dans la circulation: interminables embouteillages, pollution de plus en plus importante de l’air à cause du rejet du CO2 par les véhicules, diminution de la qualité de vie à cause du stress provoqué par les mêmes embouteillages, perte de certaines opportunités à cause de l’annulation de multiples rendez-vous d’affaire, etc. Pour inverser tout cela, la recette est simple et non magique. Il faut exactement faire le contraire de ce qui se passe: construire dès aujourd’hui, les routes de demain en tenant compte notamment de l’évolution de la population dans les prochaines décennies, reduire le parc automobile privé par l’envoi à la casse des véhicules hors normes, durcir les conditions d’importation des véhicules d’occasion, vitaliser la société publique de transport public en valorisant son parc en autobus neufs et éco-compatibles, et encourager l’investissement privé dans le même secteur.

Avec ces solutions, on aura moins d’embouteillages, moins d’émissions de gaz à effet de serre, moins de maladies pulmonaires, moins d’accidents de circulation, plus de fluidité dans la vie soci économique, etc.
En effet, les conclusions des rapports scientifiques comme ceux de l’OMS sont formelles: le taux de particules fines dans l’air provoque de graves maladies pulmonaires et cardiovasculaires. L’Afrique de l’Ouest est très affectée par ce mal. Quelle est la situation en Guinée ? Je l’ignore mais elle ne doit pas être rassurante. Il est toutefois de la responsabilité de nos services de santé de documenter les pathologies qui résultent de ces émissions pour permettre une meilleure prise de décisions. Côté juridique en revanche, on a un code de l’environnement, récent, qui sanctionne les émissions faites en dehors de certaines normes. Mais le problème est qu’il n’existe aucun seuil réglementaire connu à sujet. Ceci constitue un serieux handicap dans la mise en oeuvre des sanctions prévues dans le code. On peut donc dire que les émissions du CO2 dans l’air ne sont pas une préoccupation fondamentale chez nous tout comme le souci de protection de l’environnement au sens large. Pourtant, il s’agit là de questions essentielles qui interpellent les pouvoirs publics, de même que les partis politiques qui prétendent nous gouverner.

Sous d’autres cieux, les partis politiques sont identifiés à travers leurs idéologies. Tel n’est pas le cas en Guinée où les débats pilitiques portent sur des sujets qui n’ont véritablement aucun lien avec la vie des gens (le pouvoir d’achat, l’éducation et l’instruction, le cadre de vie, la lutte contre les discriminations de toutes sortes, etc.). Ici, on est plus préoccupé par l’origine ethnique des leaders et ceux-ci ne font rien pour changer les termes d’un débat pourri parcequ’ils manquent visiblement d’imaginations et n’ont pas autre chose à faire-valoir que l’ethnostrategie. C’est déprimant de voir ce qui se discute dans les médias et les réseaux sociaux tous les jours. Mais quelque part, cela reflète notre vie collective aussi.

Au final, les embouteillages qui étouffent nos vies et les pollutions qui en découlent, ne sont autres choses que le signe du dérèglement de la gouvernece au sens large dans notre pays.

Youssouf Sylla