Le faux et usage de faux, comme tout le monde en convient, ne semble pas préoccuper, outre mesure, ceux-là qui ont l’obligation de sévir. La pratique consiste à ajouter un diplôme à son curriculum vitae, à falsifier un document administratif ou à imiter une signature. Excusez du peu !

C’est un tour de passe-passe qui a la peau dure dans notre pays. Aidée en cela par une bureaucratie tatillonne et laxiste. Les exemples sont légion.  Lorsque la fonction publique a mis le grappin sur un important nombre de diplômes falsifiés, elle s’est simplement fendue en communiqué, comme quoi les auteurs seront jugés et condamnés conforment aux lois en vigueur.

Aujourd’hui, le dossier ne se trouve même plus dans les armoires poussiéreuses de ceux qui prétendent moderniser et reformer l’administration publique. La fonction dissuasive de la loi a simplement été ignorée par ceux qui ont intérêt que le pays se gère dans l’opacité et la médiocrité.

Cerise sur le gâteau, les extraits de naissance se vendent à ciel ouvert, comme on ferait pour les cacahouètes dans les marchés du pays. Au vu et au su de tous. Au nom du droit à l’identité, doit-on laisser des individus sacrifier les documents officiels d’un pays à l’autel du faux. L’on est en droit de se demander à qui profite ce crime ?

La solution ne serait-il pas de passer systématiquement à la biométrie afin de limiter les dégâts.

Sur la question, tout le monde sait déjà que la carte nationale d’identité se fait à main levée. Une méthode aussi archaïque que dépassée, quand on sait déjà que la plupart des pays de la sous-région ont longtemps opté pour la biométrie.

Selon les férus de droit, le faux doit s’appuyer sur un support matériel, le plus souvent un document écrit tel que reconnaissance de dette, bulletin de salaire, certificat médical, carte grise, etc., ayant une valeur ou des conséquences juridiques. En plus, le document doit ensuite avoir été falsifié en altérant la vérité, de façon à étayer un mensonge ou une tromperie, comme une fausse carte d’identité.

Falsifier des documents est comme un jeu d’enfant en République de Guinée. Mêmes des étrangers s’y adonnent à cœur joie, faute de sanctions adéquates. Et depuis que les technologies de l’information et de la communication ont droit de cité, le phénomène s’internationalise au grand dam d’honnêtes citoyens. Pauvres de nous !

La pirouette s’étend jusqu’à l’utilisation des photocopies en couleur et autres ordinateurs dotés de logiciens intelligents. Il s’agit pour ces adeptes de la fourberie d’améliorer malhonnêtement les revenus au détriment de l’effort par un travail ennoblissant. Ils n’ont aucunement le temps de prendre de la peine, comme l’a dit Jean De la Fontaine dans ‘’Le Laboureur et ses enfants’’.

Entre la normalité et la moralité, nous sommes perdus dans les méandres de la facilité.  Vikas Swarup,  écrivain et diplomate indien,  écrit dans ‘’ Meurtre dans un jardin indien’’ qu’il y’a sept péchés sociaux : « La Politique sans les Principes, la Fortune sans le Travail, le Savoir sans la Personnalité, les Affaires sans la Moralité, la Science sans l’Humanité, le Culte sans le Sacrifice et la Jouissance sans la Conscience .»

Ils sont prêts à tout pour décrocher un emploi quitte à réduire sensiblement leur date de naissance. Des pratiques qui maintiennent des fonctionnaires dans l’éternelle jeunesse. Pour cette catégorie de Guinéens, faire valoir leurs droits à la retraite n’est pas à l’ordre du jour.

Et dire que du faux et usage du faux, nous ne voyons que la partie visible de l’iceberg. C’est grotesque et inquiétant.

 

Mohamed J.-M MORGAN

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