Sans se fier des résultats des examens nationaux avec une nette régression par rapport au taux de réussite au niveau national. Aujourd’hui, beaucoup sont parmi ceux qui ne prédisent par un bon avenir pour l’éducation, la formation des enfants de Guinée. Interrogés sur le niveau actuel des élèves, encadreurs et parents se rejettent la responsabilité mais n’hésitent pas à faire un point sur le système actuel.
Aliou Sow, comptable dans une banque privée de la place, le problème se trouve au niveau de l’élémentaire. « C’est au primaire qu’un enfant doit apprendre à lire et à compter. Quand un enfant fait six ans sur le banc, pis la maternelle aussi et décroché son examen sans pouvoir faire une lecture saine, il sera très difficile de le remettre sur les rails », a-t-il soutenu.
Mariam Camara est fondatrice d’une école privée, la faute reste partager entre encadreurs et parents. «La formation d’un enfant demande le concours des parents et les maitres. Je dirais même que la grande responsabilité incombe les parents. Quand vous calculez le nombre d’heures qu’un enfant fait à l’école à celui qu’il passe à la maison, vous allez voir qu’il passe plus de temps à la maison. C’est pour dire qu’on doit le faire occuper beaucoup plus à la maison.» Issa Diallo, commerçant, est père de deux écoliers. Pour lui, il a envoyé ses enfants à l’école parce qu’il n’a pas étudié le français si non, il allait les former à maison. « Je suis maitre coranique et tous mes enfants même le benjamin savent lire correctement le coran. Le domaine que je ne maitrise pas, c’est l’école des Blancs. Les enseignants sont mal formés et on nous dit de nous occuper de nos enfants à la maison, c’est difficile. S’ils rentrent à la maison avec des exercices, ils seront obligés de revoir les cahiers mais c’est les cours de révision ou arnaques qui sont organisés tous les soirs », a-t-il dénoncé.
Mamadouba Conté, Sociologue et formateur, a confié que c’est surtout en français que le niveau de ces élèves est très bas. « Un bon nombre de nos élèves et étudiants auraient un niveau très inférieur. Je n’ai pas poussé les pions jusqu’à expliquer, est-ce que cela serait dû à la suppression du Bac ou du concours d’accès aux universités guinéennes ? Il faut peut-être y réfléchir mais le constat est là », a-t-il affirmé.
Expliquant toujours le fiable niveau des élèves, Alpha Amadou Souaré, professeur de français, a estimé que les tendances influencent et changent parfois notre manière de faire. « Forcément, il y aura une modification de nos capacités intellectuelles cela se fait sentir dans le raisonnement oral et écrit des élèves et étudiants ; le cas de l’écrit est vraiment spécifique et inquiétant dans la mesure où on assiste impuissant à la dénaturalisation de la langue française et aussi à la naissance d’un nouveau langage qui est numérique. Le vocabulaire, l’orthographe et la grammaire perdent leur verdure et il est impossible de lire un traité d’un élève sans être confronté au langage numérique. Ainsi, pour y remédier, je pense qu’il faut organiser des états généraux des « grammairiens » pour adopter une ligne de conduite et surtout programmer les cours de grammaire, d’orthographe et de vocabulaire dans les émissions interactives à la radio et à la télévision mais aussi dans les bibliothèques ainsi que dans les classes pour mieux changer nos habitudes. »
Pour cet autre professeur de géographie, cette situation est très inquiétante est si grave qu’il arrive parfois de retrouver ce système d’écriture sur les copies d’évaluation et cela n’exclut pas même les copies d’examen. « Lire ou corriger une copie d’un candidat qui ne fait pas la part des choses entre le vocabulaire de la langue française et celle des sms est vraiment agaçant. Cependant, j’estime que ces élèves écrivent constamment des sms et s’ils s’efforcent toujours à construire de façon convenable les mots et les phrases, ils devraient renforcer leur capacité en orthographe et en grammaire. Le mal qui les empêche de s’auto-corriger est que les élèves n’aiment pas lire, ce qui fait que leur niveau est en perpétuel baisse l’on dirait une chute libre sans vitesse initiale ; donc, pour corriger cette situation, il faut beaucoup de volonté chez l’élève et une obligation morale pour chaque enseignant d’interpeller l’apprenant sur ces genres de fautes », a-t-il recommandé.
Alpha Ibrahima Baldé, proviseur dans un lycée privé de la place :« un constat général montre que les sms ont contribué à baisser le niveau des élèves en grammaire, en orthographe ainsi qu’en conjugaison. Pis, les enfants de Mamadou et Bineta ont passé le témoin à ceux des Smartphones caractérisés par une carence orthographique sans précédent. Les jeunes filles sont les reines en la matière. Bref, nos élèves sont aujourd’hui incapables de construire une phrase simple et correctement», a-t-il conclu.
Mouctar Kalan Diallo