Thème : Présentation et discussion sur l’atténuation des impacts des grands projets d’infrastructures hydroélectriques sur le fleuve Konkouré, République de Guinée
Conférencier principal : Fassou Thea, Conseiller en charge du développement durable et maritime à la Primature, République de Guinée
Date : le 18 Août 2022
Participants : cette conférence a regroupé en présentiel, des experts Américains spécialisés dans les domaines de la gouvernance des grands bassins hydrographiques, des représentants de bailleurs de fonds, des scientifiques de l’Université de Arizona, des étudiants ainsi que des chercheurs.
En mode virtuel, plusieurs autres personnalités ont participé à cette rencontré dont entre autres :
Dr Madiodio Niasse, consultant indépendant Sénégalais, ancien Directeur du secrétariat de la Coalition internationale pour l’accès à la terre, basée à Rome, en Italie, ancien chercheur principal à l’Institut français de recherche pour le développement (2007-2008), ancien coordinateur du programme sur l’eau à l’UICN-Afrique de l’Ouest, basé à Ouagadougou, au Burkina (2001-2005), ancien conseiller politique principal à la Commission mondiale des barrages au Cap, en Afrique du Sud (1998-2000), entre autres. Le Dr Niasse a été président de la liste d’experts (Panel d’inspection) du Mécanisme indépendant d’inspection de la Banque africaine de développement de 2007 à 2010, et de la plateforme Afrique de l’Ouest du Partenariat mondial pour l’eau (GWP) de 2005 à 2008. Il a également été membre du comité technique du GWP de 2012 à 2017. M.
Etait également présent Dr Martin Gamamou et son équipe qui représentaient le Cabinet international SustainAfrica, un cabinet de consulting de droit américain.
Du côté de la Guinée Monsieur Thierno Eliassa Baldé, Conseiller chargé des questions économiques à la Primature
Pour le compte du Ministère de l’Environnement, Monsieur Mouloukou Souleymane Sidibé, Directeur Général de l’Agence Guinéenne d’valuation Environnement (AGEE) et son staff ont participé.
Enfin Maître Oumar Aissata Camara Coordinateur des impactés de Souapiti a également pris part.
D’autres personnes issues de différentes ONG en Guinée ont participé
Dans son exposé, le conférencier, Monsieur Fassou Théa a d’abord fait un aperçu sur le potentiel minier, énergétique, agricole, halieutique et humain de son pays. Il a indiqué que la politique énergétique du gouvernement se repose essentiellement sur la construction des barrages hydro électriques bien qu’il ait d’autres potentiels en termes d’énergies solaire, éolien, etc.
Ensuite, il a fait une description biophysique du haut bassin du Konkouré. Dans son intervention, le conférencier a demandé que le fleuve Konkouré soit déclaré patrimoine national en raison de la présence de plusieurs barrages hydroélectriques dans son bassin à savoir les barrages de Kinkon, Garafiri, Kaléta, Souapiti et plusieurs sites potentiels de construction d’autres micro barrages.
Malheureusement, la capacité réelle des barrages est nettement inférieure aux puissances estimées lors de leurs constructions en raison de l’influence saisonnière et de la vétusté des infrastructures de transport.
Il a évoqué que les raisons de sa venue à Arizona pour débattre de cette thématique sont multiples et variées mais la plus immédiate est celle du déplacement massif des populations de leurs terres ancestrales vers des sites non appropriés à leurs activités économiques habituelles et sans accompagnement adéquat.
Il a estimé qu’environ 16 000 (seize milles) personnes issues de 99 communautés ont été concernées directement par le plan de relocalisation, malheureusement de nos jours, cette action n’a pas été exécutée de façon honnête, et ces populations sont aujourd’hui exposées à plusieurs perturbations d’ordre économique, sociale et culturelle. Les 16.000 personnes concernées par la relocalisation sont exclusivement dans le cadre du barrage Souapiti.
Selon lui, les conséquences néfastes d’une telle relocalisation seront multiples et partagées entre le gouvernement, ses partenaires techniques et financiers et les communautés, si aucune action n’est entreprise pour réparer ces impacts résiduels majeurs. Il soutien son argument par le fait que la mise en œuvre du Plan d’Action de Réinstallation (PAR) soit bâclée et fait à la qui va vite.
A l’absence des activités alternatives de subsistance dans un contexte de démographie galopante et de rareté des ressources vitales, ces populations n’ont d’autre chose que de se livrer à des activités de dégradation de l’écosystème du bassin notamment la carbonisation et autres activités humaines à forte impacts sur la nature.
Ces pratiques humaines conduiront sans doute à la raréfaction ou le tarissement de ce cours d’eau avec pour conséquence immédiat l’arrêt du bon fonctionnement de ses barrages. Il a cité le Barrage de Kinkon comme exemple frappant aujourd’hui.
Il a révélé que la souffrance des populations impactées par ses projets résulte de la non coordination des intervention entre les différentes parties prenantes, notamment les départements techniques sectoriels concernés, les partenaires techniques et financier, la société civile et les communautés riveraines.
Il a lancé un appel aux scientifiques américains, aux chercheurs, et bailleurs de fonds de venir en aide pour apporter un appui adéquat à ces communautés afin de réduire leurs impacts sur l’écosystème du bassin du fleuve Konkouré à travers la mise en œuvre d’autres activités alternatives de subsistance et de renforcement de capacité.
Suite à sa présentation, les participants ont à l’unanimité reconnu l’urgence de proposer des scénarios adaptés à la mobilisation des ressources humaines, matérielles et financières permettant de réduire ou de compenser de façon crédible les effets négatifs de ses barrages sur la vie de la population riveraine. Plusieurs propositions ont été faites dont entre autres la création d’une plateforme multi-sectorielle, la création d’un mécanisme de partage des bénéfices en tenant compte des coûts de l’investissement, la mobilisation des fonds pour la mise en œuvre des activités alternative de subsistance en faveur des populations impactées, le démarrage des activités de modélisation du microclimat du bassin, etc.
Pour le conférencier, le gouvernement actuel dirigé par Son Excellence le Colonel Mamady Doumbouya, Président de la transition est sensible à la souffrance de son peuple et ne tardera pas à accompagner toutes les initiatives allant dans le sens d’accompagner ces communautés et de sauver ces grandes infrastructures. Pour y arriver, la mise en place d’une plateforme multi-acteurs est un impératif pour la durabilité des actions présentes et celles futures.
La conférence s’est terminée avec une note d’espoir.
Dans les prochains jours, les discussions tourneront autour de l’identification des types de projets adaptés, les sources potentielles de financement, les modes de financement, le choix des acteurs de mise en œuvre.
Par ailleurs d’autres intervenant ont souhaité qu’en plus des actions immédiates, d’autres actions soient engagées afin de permettre aux chercheurs et étudiants de l’Université de Arizona de venir Effectuer des activités d’expérimentation dans ce domaines plus complexe à impacts multiples et variés. A cet effet, des questions de développement d’éco-tourisme ont été évoquée.
Avec la volonté politique du gouvernement et l’engagement des parties prenantes, l’espoir est permis de réduire les impacts des barrages actuels et ceux futurs sur les communautés riveraines et sur l’écosystème du bassin du Konkouré.
Fassou Théa