Comme si le pays n’a aucun schéma d’urbanisation. Comme si le pays doit faire partie des damnés de l’Afrique, en termes d’habitat. Comme si le département de la ville n’existe que pour casser les bâtisses de fortune des pauvres tout en laissant ces bandits à col blanc de jouir illégalement des biens publics.
C’est un secret de Polichinelle. Les corniches du pays ont du mal à ravitailler les citoyens de la brise marine. Que de constructions anarchiques. Que de villas insolemment cossues par des « intouchables », des Parias à la guinéenne. Qui ne sont ni inquiétés, ni interrogés sur l’origine de leur fortune. Ils peuvent se la couler douce aussi longtemps que des espèces sonnantes et trébuchantes peuvent servir à couvrir leur forfaiture. Un passage à la Place de l’indépendance communément appelée ‘’Avenue de la République’’, c’est la déception sur toute la ligne. Les mouches y jouent en concert par la grâce des ordures solides et liquides. Un spectacle gratuit. A ciel ouvert. Même le vrombissement de grosses cylindrées ne les font bouger des lieux.
Paradis fiscal pour certains, la cour du roi Petaud pour d’autres. Toujours est-il que Conakry doit atrocement souffrir de cette image qui lui colle à la peau : Capitale sale et mal lotie. Au grand dam de ses filles et fils qui tentent vainement de la tirer du trou. L’allure cadavéreuse de la ville a fini par maintenir les habitants dans une indifférence coupable. Chacun se donne la licence de cultiver l’image hideuse d’une ville fantomatique. Les ordures s’entassent comme on grimperait le mont Kakoulima. Des immondices, pour parler comme un spécialiste. De surcroît, on dirait une accumulation de manque de politique d’assainissement et de volonté.
De même, l’aménagement de la cité brille surtout par l’absence d’espaces à aménager. Non seulement le patrimoine national a été cédé au vil prix, mais encore pas d’espaces verts ni de terrains de proximité en nombre suffisant. Encore moins des salles de spectacles et autres toilettes publiques.
Pour rappel, c’est le Président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan qui nous avait fait la remarque en toute amitié : Conakry ne ressemble pas à une capitale. Comme il nous aime bien, il n’a pas manqué de nous « châtier ». Le professeur Alpha Condé le lui reconnait bien, cette sincérité dans ses propos. Pourvu que les autorités sachent saisir la balle au bond.
Tout compte fait, les compétitions pour une ville répondant à un meilleur cadre de vie de ses habitants se préparent loin des discours grandiloquents et démagogiques. Il nous faut, ensemble bâtir une capitale moderne en misant sur l’investissement humain, pour parler comme Ahmadou Kourouma dans son célébrissime roman ‘’Les Soleil des Indépendance’’.
Le charme d’une ville n’est pas, à tout prix, de construire des gratte-ciels. Il importe aussi de savoir trouver une certaine harmonie entre d’anciennes bâtisses jalousement entretenues et des bâtiments futuristes dans un environnement enchanteur et paradisiaque.
M. JM MORGAN
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